Les professeurs pourraient-ils cesser d’avoir deux fonctions antinomiques : faire apprendre avec bienveillance et ensuite sélectionner ? Caresser puis gifler ?
Déni
Pendant des années, je n’ai pas voulu voir que, dans ma classe, je mêlais deux actions contradictoires : j’enseignais de mon mieux et je mettais des notes d’exclusion. Je bichonnais mes moutons et puis, couïc à la gorge pour certains. Dura lex sed lex, amen.
Je me persuadais qu’il était normal de récompenser les élèves méritants et de fustiger (pour leur bien !) les lève-nez, les à-la-va-comme-je-te-pousse, les tire-au-flanc, les bouchés à l’émeri, les têtes de linotte et autres évaltonnés. Je n’y voyais pas malice. Mon directeur était d’ailleurs très explicite quand il me disait : « On ne donne pas de perles aux pourceaux. »
Un début de réflexion a heureusement secoué ma longue torpeur mentale quand j’ai entendu parler d’injonction paradoxale : instruire et sélectionner.