Étrangement, s’il est un domaine o͹ les “sciences de l’éducation” ont élaboré quelques savoirs solides, c’est bien la docimologie : impossible aujourd’hui d’imaginer qu’une note puisse refléter objectivement la “valeur” d’un travail !
À peine plus fiable qu’un jeu de hasard, la notation installe l’aléatoire et l’injustice au cœur du fonctionnement scolaire. Mais plus encore, et contrairement aux idées reçues, elle entretient la médiocrité : un mauvais devoir est « payé » d’une mauvaise note et tout le monde est quitte ! Quand il faudrait, au contraire, accompagner l’exigence et favoriser le dépassement. Et puis, la note fonctionne comme “le lit de Procuste” : en classe, tout ce qui n’est pas noté, tout ce qui n’est pas notable n’a pas de valeur : l’école devient une simple machine Í distribuer des notes, oubliant de multiples dimensions de la formation du citoyen. En réalité, Í terme, la note, c’est le triomphe du marché scolaire, la réduction des savoirs Í des marchandises, de la relation pédagogique Í une transaction boursière. Nos enfants valent mieux que cela !
Né en 1949, docteur ès Lettres et Sciences humaines, Philippe Meirieu a enseigné Í tous les niveaux de l’institution scolaire o͹ il a mené plusieurs expérimentations pédagogiques. Il a également dirigé l’Institut national de recherche pédagogique (INRP).
Intervenant souvent dans les classes et les établissements scolaires, formateur d’enseignants, animateur d’équipes de recherche, Philippe Meirieu est aussi un homme de terrain ; ceci, sans nul doute, contribue Í l’audience que rencontrent ses travaux.