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Pour l’abolition de la note scolaire
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Pan à la note ! Panote ...

 Pourquoi les professeurs mettent-ils des notes à leurs élèves ?

 Pourquoi, alors qu’aucun texte légal ne leur en fait une obligation, qu’ils ne risquent donc pas de sanctions pécuniaires s’ils s’en défont ?

 Pourquoi, alors que la note ne fait pas apprendre et qu’elle fait perdre du temps ?

 Pourquoi, alors que les parents ne peuvent rien faire avec le verdict (… votre fille a 5 – ou elle a 15 - sur 20 en chimie) puisqu’ils ignorent comment le professeur est passé d’une analyse multidimensionnelle de la prestation à une note unidimensionnelle ?

 Pourquoi, alors qu’en outre, les parents ignorent comment le professeur a fait apprendre en amont, ou le professeur a appris à noter, ce qui l’anime ? Quels paramètres relationnels entrent en jeu dans ce jeu unilatéral ?

 Pourquoi noter, enfin, alors que professeurs et parents ignorent les ressorts psychiques de l’élève soumis au questionnement ?

Charles Pepinster

Réservons les notes… Í la musique exclusivement !
Texte paru dans la « Tribune de Genève », rubrique « L’invité(e) », le 4 mars 2003
Article mis en ligne le 27 novembre 2008
dernière modification le 21 juillet 2009
Note musique

La note scolaire a bien du mal Í se faire oublier semble-t-il et les conflits autour de sa
réapparition, ici et lÍ dans les débats que suscitent les réformes scolaires, comme c’est
le cas Í Genève, témoigne de croyances qui lui sont attachées, peut-être aussi
d’ignorances Í propos des recherches effectuées, il y a déjÍ une bonne quinzaine
d’années, ainsi que de ses rapport avec le redoublement.

La note scolaire : entre compétition et obscurantisme

Ses enracinements dans des pratiques rituelles ne se questionnent plus tant elles sont
liées Í la forme scolaire, pourtant relativement récente, et Í des pratiques normatives
aussi puisqu’elles cherchent - entre autres et c’est lÍ une fonction effective - Í trier,
hiérarchiser, exclure. Est-ce l’objectif de l’école et cette position est-elle encore
tenable aujourd’hui ?

Parce qu’Í ne rien vouloir changer dans l’école et surtout pas les notes, on prétend
s’inscrire dans une objectivité qui dirait tout d’une réalité scolaire et d’apprentissages
effectués. En réalité, la note scolaire est une construction subjective aussi bien qu’une
fiction et elle ne convainc en tous les cas pas ceux qui se questionnent sur les
apprentissages réels des enfants, les enseignants, les parents et les chercheurs. N’en
déplaise Í certains, il y a de la recherche Í faire dans ce domaine, Í progresser dans
les modalités d’évaluation des élèves et de la communication aux parents, et ce n’est
pas en dénigrant le développement scientifique dans ce domaine, les réformes et les
pratiques sociales que l’on créera des avancées. En médecine, il ne viendrait Í l’idée
de personne de ne pas s’intéresser aux nouvelles découvertes, tant elles sont
nécessaires ! Un enfant en développement vaut bien un malade ou est-ce une réalité
moins visible ?

Au-delÍ du fait qu’il faille dépasser pour chacun un vécu scolaire imprégné de bonnes
ou de mauvaises notes, interrogeons nous encore sur sa réelle pertinence et son
apport.

Il est vrai que la note informe minimalement, et cela on peut le lui concéder. Mais en
réalité on sait qu’elle ne dit rien ; rien de plus qu’une moyenne ou qu’un état
provisoire. Et bien plus peut indiquer faussement parce que trop superficiellement
une pente. Pourtant tous les enseignants et parents informés savent qu’une moyenne
de quatre déclinée en deux plus six ne dit pas la même chose de la progression ou
régression de l’apprentissage que celle qui s’agence temporellement en deux plus
quatre. Ce qui compte ce n’est donc pas un chiffre qui peut monter ou descendre
mais de se fixer et d’atteindre des objectifs.

Pas de notes mais des dispositifs d’évaluation formative au service de la formation des élèves

Sa présence Í la fois ponctuelle et récurrente, mais toujours lancinante, ne cache telle
que la peur d’un vide pédagogique qu’il suffirait de combler par des activités
pertinentes, intéressantes, significatives, fécondes ? Cessons d’évaluer pour évaluer et
laissons travailler les professionnels Í faire apprendre !

On tente aussi de faire croire que si l’on supprimait la note scolaire, il n’y aurait plus
rien qui s’y substituerait. Hors, chacun sait que, dans le mouvement de rénovation
amorcé depuis des années dans l’enseignement primaire genevois, les enseignants
explorent de nouvelles modalités d’évaluation avec succès et compétence ; en cela
c’est une réelle avancée dans l’accompagnement des processus d’apprentissage des
enfants.

L’objectif effectif et affirmé de l’école devrait être de faire apprendre tous les élèves
et les diverses formes d’évaluation ne venir qu’en soutien de l’apprentissage. A cette
condition, on peut résolument se passer de la note et se donner des moyens de
signifier les acquis scolaires et de les communiquer aux élèves, les premiers
concernés, et aux parents ; ce qui se fait Í l’école primaire aujourd’hui ! Le seul enjeu
de l’école est la formation des élèves et la lutte contre l’illettrisme, l’entrée dans la
culture le développement d’un esprit critique. Mais est-ce un objectif partagé ?

Danielle Bonneton

 Membre du Laboratoire Innovation, Formation, Éducation (LIFE) - Université de Genève
 Membre du Groupe Romand d’Éducation Nouvelle (GREN)
 Enseignante et formatrice
 Membre de la Société pédagogique genevoise