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Pour l’abolition de la note scolaire
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Pan à la note ! Panote ...

 Pourquoi les professeurs mettent-ils des notes à leurs élèves ?

 Pourquoi, alors qu’aucun texte légal ne leur en fait une obligation, qu’ils ne risquent donc pas de sanctions pécuniaires s’ils s’en défont ?

 Pourquoi, alors que la note ne fait pas apprendre et qu’elle fait perdre du temps ?

 Pourquoi, alors que les parents ne peuvent rien faire avec le verdict (… votre fille a 5 – ou elle a 15 - sur 20 en chimie) puisqu’ils ignorent comment le professeur est passé d’une analyse multidimensionnelle de la prestation à une note unidimensionnelle ?

 Pourquoi, alors qu’en outre, les parents ignorent comment le professeur a fait apprendre en amont, ou le professeur a appris à noter, ce qui l’anime ? Quels paramètres relationnels entrent en jeu dans ce jeu unilatéral ?

 Pourquoi noter, enfin, alors que professeurs et parents ignorent les ressorts psychiques de l’élève soumis au questionnement ?

Charles Pepinster

CEB : L’examen externe nuit gravement ...
... au principe de liberté des méthode du Pacte Scolaire belge
Article mis en ligne le 23 juillet 2009
dernière modification le 19 octobre 2017

L’examen externe s’oppose au principe de liberté des méthodes pédagogiques garantie aux Pouvoirs Organisateurs par le Pacte Scolaire du 29 mai 1959 voté par le Parlement Belge.

Les partisans de l’examen externe obligatoire et certificatif de fin d’école primaire se récrieront que cette obligation ponctuelle ne contredit pas le libre choix méthodologique des Pouvoirs Organisateurs.

Voyons cela de plus près.

Des témoignages et une analyse théorique nous permettront de comprendre le lien étroit entre docimologie et méthodologie, une interaction permanente.

Des témoignages

Premier témoignage :

 « C’est une énorme différence depuis 1999 » ;
 « Nos méthodes ont radicalement changé » ;
 « Un très grand changement méthodologique » ;
 « Le chef-d’œuvre pédagogique, qui remplace l’examen cantonal externe a été une révélation » ;
 « Il a été (ce décret du 3 mai 1999) un soulagement pour les collectifs d’alphabétisation débarrassés de l’examen cantonal ».

Second témoignage :

 « C’est tellement évident cette liaison méthode – évaluation que je m’étonne même qu’on pose la question de son existence » ;
 « Je parle de dissonance cognitive quand on enseigne d’une certaine manière et qu’on évalue avec d’autres valeurs » ;
 « Il y a une contradiction majeure entre travailler pour des points (examens externes) et travailler pour pouvoir transmettre des choses intéressantes (chef-d’œuvre pédagogique) » ;
 « Le chef-d’œuvre pédagogique, qui remplace l’examen cantonal que j’ai connu avant 1999 comme une obligation pour obtenir le CEB, non seulement correspond Í notre méthodologie mais il l’affine, il l’approfondit encore » ;
 « Nous ne pourrions pas revenir Í l’examen cantonal parce que ce serait renoncer Í nos méthodes ouvertes ».

Le premier témoin c’est Nadia Baragiola, actuellement chargée de mission pour Lire et Écrire en Communauté française ; elle travaille dans le secteur de l’alphabétisation des adultes depuis 25 ans. Elle a été chargée de cours Í l’Université de Louvain-la-Neuve. Lire et Écrire est un mouvement d’Éducation permanente structuré en 9 régionales réparties sur l’ensemble de la Communauté française et 3 coordinations, cela représente près de 300 salariés, 130 bénévoles et 15.000 apprenants.

Le second témoin s’appelle Jean Constant. Il termine un Master en Sciences de l’Éducation, il coordonne les activités d’un collectif important Í Verviers et organise la formation de formateurs.

La question que je leur ai posée Í tous les deux séparément était : « Est-ce que la forme de l’examen certificatif conduisant au CEB détermine le choix des méthodes pédagogiques ou bien celles-ci en sont-elles indépendantes ? »

Mes deux interlocuteurs ont d’abord été “interloqués” , ils ont manifesté leur surprise … qu’on puisse se poser la question tellement la réponse est évidente Í leurs yeux : liaison absolue. Ces témoins sont intéressants parce qu’ils donnent un point de vue éclairé par deux périodes bien connues d’eux : l’avant et l’après décret de 1999.

Avant : préparation-bachotage pour l’examen scolaire externe (examen cantonal), stress, dégoÍ »t des apprenants, honte vis-Í -vis de leurs propres enfants, découragement, abandons nombreux, souffrance des formateurs.

Après : pas de rupture car le chef-d’œuvre pédagogique s’inscrit dans la pédagogie du projet, le culturel. Les apprentissages scolaires (lecture, grammaire, mathématiques…) restent fonctionnels et centraux mais sont désormais désirés comme outils indispensables. Ils ne sont pas commandés par une motivation externe mais interne Í l’acte d’apprendre.

Bref, ces témoins sont d’accord pour affirmer que l’examen externe, non seulement nuit gravement Í l’adoption de méthodes ouvertes, mais qu’il en détourne.

Entre pratique et théorie

Imaginons que soudain, le Ministère oblige les collectifs d’alphabétisation Í adopter l’examen externe pour la délivrance du CEB, en abrogeant le décret du 3 mai 1999. Un mauvais rêve. On imagine le tollé que cela produirait chez les centaines de formateurs et les milliers d’apprenants adultes. « Serait très mal reçue cette idée : Vous pouvez continuer Í appliquer vos méthodes, mais le chef-d’œuvre pédagogique ne compte plus pour l’obtention du CEB ».

C’est exactement ce qui se prépare pour les écoles primaires, celles qui ont renoncé aux examens cantonaux, depuis des dizaines d’années parfois, pour adopter d’autres formes d’excellence davantage en cohérence avec le courant pédagogique de leur choix. Les voilÍ , ces écoles pionnières, dans la réalité cette fois, obligées de changer de stratégie pédagogique sans savoir pourquoi … C’est inadmissible. Nombreux sont les instituteurs qui parlent de régression, de carcan.

Une analyse théorique : courants pédagogiques et examens

Table d’orientation (grande taille)

Remarque préalable : Les termes de pédagogie encyclopédique, ouverte, fermée, formelle et libre sont ceux employés par un chercheur canadien, Claude Paquette dans son ouvrage « Vers une pratique de la pédagogie ouverte » (Éditions NHP, Québec).

1. Les examens habituels sont les mêmes pour tous les élèves d’une cohorte, donc ils sont cohérents avec la pédagogie encyclopédique : après transmission des savoirs, révisions, bachotage, sont demandées des réponses individuelles Í des questions dont la difficulté épouse la courbe de Gauss.

2. Ces examens ne peuvent entrer en cohérence avec une pédagogie ouverte puisque lÍ , l’erreur et la compréhension divergente des questions sont permises et la coopération en groupe, entre les groupes, essentielle.

3. Ni dans une pédagogie fermée et formelle puisque celle-ci est centrée sur le dépistage - remédiation Í des niveaux différents selon les “besoins” individuels. Examiner Í un même degré des élèves habitués Í voguer « Í leur rythme » est incohérent.

4. Ni dans la pédagogie libre (libertaire) évidemment.

Donc… Si des examens externes obligatoires comportent des questions :
 Í résoudre seul, (sans savoir Í quoi elles servent),
 les mêmes pour tous (je ne vois pas comment on pourrait faire autrement),
 de difficultés variables (volontairement, des plus faciles, des plus difficiles, c’est logique),
 avec des grilles (!) de correction (!!) préétablies (c’est-Í -dire ne permettant pas de divergence dans la compréhension des questions),
 auxquelles certains élèves ne pourront pas répondre suffisamment bien (exclusion)…

Alors, quel courant pédagogique renforce nécessairement les examens tous les mêmes et imposés ? Certainement pas les courants deux, trois ou quatre. Donc…

Or les valeurs attribuées par Claude Paquette Í la pédagogie encyclopédique sont : « Mémoire, Volonté, Soumission Í l’autorité » qui ne sont pas celles du Décret Mission .

En conséquence, l’examen unique et obligatoire pour obtenir le certificat d’études de base (désuet) renforce le camp des conservateurs. Pour être progressiste, il faut remplacer l’examen de fin d’études primaires par le chef-d’œuvre pédagogique en cohérence avec la pédagogie du projet et l’Éducation Nouvelle, le courant ouvert. Je l’ai mis au point il y a plus de 20 ans et il est reconnu (Décret du 3 mai 1999) valable pour l’attribution du CEB aux adultes des collectifs d’alphabétisation et aux détenus. Pourquoi pas Í tous ?
Philippe Meirieu (Université de Lyon), Albert Jacquard, Jean-Pierre Pourtois (Université Mons-Hainaut) et Étiennette Vellas (Université de Genève) sont d’accords sur le point de vue développé ici.

D’autre part, en Belgique, le Pacte Scolaire du 29 mai 1959 garantit Í chaque Pouvoir Organisateur la liberté de méthodes donc son choix d’un courant pédagogique. Ceci ne peut être nié par le Ministre, qui ne peut donc imposer un examen normatif externe Í toutes les écoles dont il n’est pas le Pouvoir Organisateur [1].

Charles Pepinster

 Instigateur du GBEN (Groupe Belge d’Éducation Nouvelle - 1983)
 Fondateur de la Maison des Enfants, Í Buzet (Floreffe, Belgique)
 Ancien inspecteur cantonal